lundi 7 janvier 2008

Appelez-moi Quinn Morgendorffer


Bon ben voilà, la journée est terminée et je suis encore capable d'écrire sur mon blog ce qui, je le suppose, suffira à la plupart d'entre vous, poignée d'ingrats ! Pour les quelques uns qui auraient attendu la réponse toute la journée, souffle court et bave aux lèvres (essuyez-moi ça, s'il vous plaît, merci), ça c'est plutôt bien passé. Les monstres étaient déchaînés à l'idée de montrer à leurs petits camarades à quel point le budget total de leurs cadeaux excédaient de trois fois le PIB du Burkina Faso (si jeunes et déjà tellement bien armés pour la vie !). Mais il n'a pas été trop facile de leur mettre dans la tête que oui oui, les agapes étaient bien terminées et que Rodrigue, Chimène et toute leur bande de joyeux drilles nous attendait.
Les quelques attentifs se rappelleront ma grande révélation quant au fait d'imposer à de jeunes têtes blondes, rousses ou brunes mais invariablement grasses, l'étude de textes sur lesquels des universitaires (chauves, eux) se cassent les dents depuis plusieurs décennies. Je crois être arrivé à un modus vivendi à peu près acceptable en ayant recours à cette bonne vieille honnêteté : "Vous savez, cet écrit est très compliqué, j'ai moi-même souvent des doutes sur le sens de telle ou telle scène, comme tout le monde mais vous savez quoi ? Ensemble, je suis sûr qu'on peut le dépiauter convenablement, ce bidule !" Eh ben ça ne marche pas mal. Comme quoi les élèves, quand on arrête de les prendre pour les demeurés qu'ils aimeraient tant devenir, ils sont capables de beaucoup de choses.

Bon, hormis la Muse de la Pédagogie, faut croire que la Fée Popularité a pointé sa frimousse pomponnée dans ma classe. J'ai aujourd'hui multiplié ces petits gestes qui assurent l'image de l'enseignant "cool mais à qui on ne la fait pas", gestes juste assez affligeant pour que, rétrospectivement et même en essayant, il soit impossible d'en tirer une quelconque fierté :

- Interception au vol d'une boulette de papier. Puis, après avoir longuement vrillé le coupable d'un regard accusateur genre "Chéri, on avait dit que la dernière tartine de Nutella était pour moi", lancer sur un ton faussement négligent : "je ne vais pas perdre de temps à me battre contre ça, mais ayez au moins l'intelligence que je ne m'en rende pas compte." Effet garanti.

- Ecoute d'un poème en mp3. Mais plutôt que de vous contenter du bête lecteur gris acheté à la FNAC, faire tourner la chose sur la console portable customisée par vos soins et ouvrir de grands yeux devant l'étonnement de vos élèves, et leur manque de connaissance des technologies d'aujourd'hui.

- Fin du cours au moment pile où la sonnerie retentit style "Je suis le maître du temps, et vous pouvez sortir car telle est ma volonté, existences !" (Ca c'est le plus difficile).

Ben oui, le succès de l'enseignement tient à des cours préparés au cordeau, à une foi indéniable envers vos classes, à une bonne relation avec l'équipe enseignante... et au fait d'avoir une bande d'ados beuglant "Trooooop foooooort" en vous regardant avec des yeux écarquillés.

Le plus beau métier du monde, je vous dis !

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Tu seras conseiller pédagogique comme ton père! gnark gnark gnark

Anonyme a dit…

"appelez moi quinn morgendorffer" excellente référence héhé je trouve le style de ce blog très sympa (blog découvert grace à ton très bon commentaire chez les toujours ouvrables) d'ailleurs je m'en vais continuer ma lecture:-)

Jalk a dit…

Merci à toi, et n'hésite pas à repasser ! D'accord c'est encore un peu petit mais on travaille à agrandir ;)